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Ma vie d'aidant
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Petit à petit, les Français prennent conscience des difficultés qui pèsent sur les aidants. En conséquence, seul un de nos concitoyens sur deux pense qu’il est possible que les personnes en perte d’autonomie soient aidées au quotidien par leur famille (50 % en 2015 contre 72,4 % en 2009, selon le dernier baromètre de l’Ocirp).
Pourtant, dans 80 % des cas, l’aidant est un membre de la famille de la personne aidée, et le plus souvent son conjoint. Mais quand c’est possible, l’aidant principal a tout intérêt à faire appel à l’ensemble de la famille, ne serait-ce que pour se préserver.
Impliquer le cercle familial dans la prise de décision, pouvoir le solliciter pour prendre du répit, maintenir des liens familiaux les plus sereins possible… Pas toujours facile quand on est confronté à une situation difficile. Voici nos conseils pour éviter les conflits.
La réponse que les membres d’une famille vont apporter au SOS d'un parent en perte d'autonomie découlera entièrement des liens affectifs qui auront été tissés une vie durant.
La crise que la famille traverse va vérifier la force des liens affectifs, et révéler les carences réelles d'affection, les rapports de force latents ou les déséquilibres.
Mais attention c’est la famille qui peut finir par tomber malade.
Réunir toute la famille autour d'un père ou d'une mère en perte d’autonomie peut se révéler un véritable défi. Pour aboutir à une action collective constructive, il faut canaliser l’émotion. Quelques conseils en " management " peuvent se révéler utiles.
1) Organisez une réunion et déterminez les motivations des membres de votre famille.
Si vous êtes en position d'aidant principal et que vous entendez bien, il vous faut agir avec précaution.
Tout d'abord, mieux vaut connaître les attentes et les craintes de chacun des membres de votre famille.
Les questions suivantes devront donc recevoir une réponse :
2) Essayez de deviner les alliances.
Demandez-vous comment vos frères et sœurs se représentent l'aide qu'ils peuvent apporter à l'un ou l'autre de vos parents.
Faites l'inventaire des alliances existantes entre frères, entre sœurs ou entre frères et sœurs.
Essayez aussi de savoir qui va tenter de se défiler, et d'anticiper l'attitude des conjoints.
Des différences culturelles peuvent exister au sein d'une même famille : quand une famille à une origine étrangère, les aînés, s'ils ont été plongés dans la culture d'origine, peuvent se sentir plus proches des parents, alors que les plus jeunes peuvent avoir opté pour les valeurs du pays d'adoption.
Les systèmes de valeur peuvent aussi différer selon les milieux professionnels, ou évoluer en fonction du mariage.
Gardez en mémoire que quand l'un ou l'autre de vos frères et sœurs se marie, il tisse un ensemble de relations qui vous échappent en grande partie.
3) Envisagez d'emblée de jouer un rôle de médiation.
Les conflits peuvent éclater au moment où un processus collectif s'enclenche. Rien ne sert de les éviter.
En revanche, il faut savoir les limiter, voire les faire évoluer dans un sens productif. La bonne volonté de chacun est impérative pour ne pas perdre de vue l'objectif initial : venir en aide à un parent en difficulté.
Faites marche arrière immédiatement si vous sentez que la discussion s'engage dans une impasse, organisez des voies de sortie pour que personne ne "perde la face".
Cette capacité de chacun à dominer ses propres émotions suppose que l'on est parvenu à un équilibre relatif par rapport aux conflits du passé.
Votre maturité de médiateur fera de vous un leader naturel.
Si vous ne vous sentez pas capable de jouer ce rôle, proposez dès la première réunion de famille qu'un médiateur soit nommé : charge à lui d'empêcher un conflit de dégénérer.
4) Restez calme !
Respirez profondément avant de dire ou de faire quelque chose d'irréparable. Le pire arrive toujours parce que l'on cède à une impulsion incontrôlée.
Le plus dur est évidemment de rester calme vis-à-vis des accusations - toujours infondées ? - d'autrui. Vos frères et sœurs vous amèneront aussi à revivre des événements douloureux du passé, ils feront peut-être des déclarations déconcertantes ou que vous estimerez injustes...
N'y prêtez pas attention. Attribuez-les à la colère ou à l'amertume.
Seul le but à atteindre - rassembler la famille en vue d'une action constructive - compte.
Si vous perdez votre calme, n'hésitez pas à faire des excuses.
5) Reconnaissez qu'une solution peut faire défaut.
Tous les problèmes n'ont pas leur solution. Tentez alors de redéfinir la question pour voir si une solution inattendue n'émerge pas. En cas d'échec, acceptez-le.
6) Sachez que vous êtes vulnérable.
A votre insu vous pouvez être celui, ou celle, par qui le conflit se déclenche.
La colère rentrée, la tension qui se manifeste à travers une voix, un geste, une articulation abrupte, la conviction d'avoir raison, l'impatience... tout ceci peut créer une atmosphère qui ne demande qu'à exploser.
Il faut accepter l'idée que les situations sont complexes et que nul ne possède à lui seul les tenants et les aboutissants. Un peu d'humilité s'impose !
Si malgré tous vos efforts les conflits subsistent, il est possible de faire appel à un médiateur familial. Qualifié et impartial, son rôle est de prendre en compte les besoins de chacun pour rétablir une communication apaisée et constructive.
La première rencontre est gratuite, puis les entretiens sont payants, avec un tarif fixé en fonction des revenus. Compte tenu de l’évolution de la société, les médiateurs sont de mieux en mieux formés aux problématiques liées à l’âge. Une solution qui vaut la peine d’être tentée pour éviter une procédure judiciaire.
Pour trouver un médiateur, il est possible de s’adresser au service de médiation aidants/aidés de la CNSA et de l’Unaf, mais il n’est pas disponible partout.
La fédération française des centres de médiation dispose aussi de coordonnées, de même que la Fédération nationale de la médiation et des espaces familiaux (Fenamef).
D’autres organismes proposent des services de médiation familiale, comme le Centre de médiation et de formation à la médiation (CMFM). Les 50 médiateurs bénévoles du CMFM interviennent principalement en Île-de-France.
Pour trouver un médiateur libéral enfin, il est possible de s’adresser à la Chambre professionnelle de la médiation et de la négociation (CPMN).
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